Témoignages

Yasmine

Yasmine

En février 2024, à l’âge de 34 ans, j’ai été diagnostiquée d’un cancer du sein suite à une autopalpation. J’étais depuis longtemps attentive et je m’autopalpais régulièrement, ce qui m’a permis de détecter un petit nodule d’à peine 8mm. Les probabilités qu’il s’agisse d’un cancer étaient minimes et pourtant ! D’autant qu’il n’y a aucun cas de cancer du sein dans ma famille, ni du côté de ma mère, ni de mon père. 

La surprise fut donc totale lorsque 3 mois plus tard, j’ai appris que je portais la mutation génétique BRCA2, transmise par mon père d’origine palestinienne. Certaines études montrent en effet une sur-représentation de cette mutation dans certaines ethnies arabes. Il n’y avait pourtant aucun cancer de ce côté, malgré une très large famille avec de nombreuses cousines ! J’étais le « premier maillon » identifié, par chance, avec un petit cancer localisé et facilement traitable. J’ai pu avertir mes cousines encore jeunes que la mutation était présente dans la famille. Je souhaitais leur offrir ce choix de se faire dépister, avant de faire face à un diagnostic comme je l’ai eu.

Suite à cette nouvelle, j’ai donc décidé de faire une mastectomie préventive du sein non touché par le cancer, mon sein droit ayant déjà été retiré en février lors de mon diagnostic. La mastectomie préventive a été moins dure à appréhender car j’avais déjà subi la mastectomie d’un côté et cela s’était très bien passé. J’ai eu une reconstruction immédiate par prothèses. J’ai également subi en même temps une ablation des trompes pour protéger mes ovaires jusqu’à l’âge recommandé pour l’annexectomie (45 ans pour le BRCA2), ayant déjà deux enfants et ne souhaitant plus en avoir. Cette opération est sans aucune conséquence hormonale, et elle a un effet protecteur très important, de près de 80%. Les analyses anapath n’ont détecté aucune cellule anormale dans mes trompes ni mon sein gauche, ce qui était une très bonne nouvelle également.

Aujourd’hui je me sens très sereine face à cette mutation, je suis finalement moins à risque aujourd’hui sans mes trompes et sans mes seins, qu’une femme sans mutation génétique. Évidemment, la perspective de devoir enlever mes ovaires à 45 ans n’est pas réjouissante, mais je suis confiante sur l’évolution de la médecine et ce qui sera proposé d’ici 10 ans pour m’assurer une bonne qualité de vie. 

En attendant, je prépare le terrain comme je l’ai toujours fait en continuant à faire beaucoup de sport, et notamment de la musculation pour protéger mes os et mon cœur à long terme. Mes prothèses ne me causent aucune gêne ni douleur, même si je ne peux plus réaliser certains exercices car elles sont placées sous mon muscle pectoral. Malgré cela, je joue au tennis, je cours, je fais de ma musculation sans aucun souci et le résultat esthétique est très satisfaisant. Le plus dur étant de s’habituer à la perte de sensation au niveau des seins, ce qui prendra un peu plus de temps.

Le fait de découvrir qu’on porte une mutation génétique peut être un choc, dans mon cas je n’avais qu’une chance sur 2000 de l’avoir. Nous portons tous des tas de mutations génétiques sans le savoir qui nous exposent à toutes sortes de risques. S’il y a bien une chose que mon cancer m’a apprise c’est que la vie trouvera toujours un moyen de défier les statistiques ! Connaître son statut génétique est une chance car cela permet d’entreprendre des étapes préventives ou d’être mieux suivi. Ce n’est pas une fatalité !